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L'invité d'honneur de Regard Public


Pour notre rubrique, Loïc Hamon, nous propose une nouvelle interview du photographe :


Patrick BEZZOLATO


Né le 12 décembre 1961, Patrick Bezzolato est architecte de formation. Photographe de l’intime, il arpente Paris depuis plus depuis plus de trente ans à la recherche de ce que la capitale fût le siècle dernier. Ses images interrogent la mémoire et portent sur l’histoire des lieux et de leur transformation dans un entre deux où se mêle l’esprit documentaire et la vision poétique.             
Ses travaux ont débouché sur la publication de plusieurs monographies et de nombreuses expositions à Paris, en province et dans d'autres pays comme les Etats Unis, l'Allemagne, la Belgique et l'Equateur.

Patrick Bezzolato réside à Paris.

Distinctions : Prix Ansel Adams - 1996
Prix Eugène Atget - 2000
Prix Ansel Adams - 2001
Premier prix en Photographie - Cercle des artistes Parisiens ? 2005


Loïc Hamon : « Patrick Bezzolato, Vous êtes architecte de profession, comment, et à quel moment vous est venue cette passion pour la photographie ? utilisez vous la photographie dans le cadre de votre profession ? »

Patrick Bezzolato : La photographie est très utilisée dans le métier d'architecte, pour publier les projets dans les revues ou pour la mémoire et l'esthétique d'un chantier. Mais je ne la pratique pas, ce sont deux mondes bien séparés car dans mon parcours de photographe je suis bien trop éloigné des sujets d'architecture. Nous ne parlerons donc que de la photographie.

La photo cela remontre très loin, j'ai toujours voulu photographier. À Noël 70 j'ai reçu un appareil photo alors que j'avais commandé un train électrique qui était le cadeau traditionnel des petits garçons de 8 ans. Quelle ne fut pas ma déception! Rétrospectivement c'était bien plus qu'un cadeau, le début d'une passion qui ne s'est jamais démentie. J'ai attendu 1979 pour acquérir un Canon AE 1 le reflex vedette de l'époque et faire mes premiers clichés.


L H : « Quel est votre formation photographique ? »

P B : J'ai appris la pratique du tirage dans les photos club dont certains peuvent êtres considérés comme des écoles parallèles tant ceux qui les animent ont une solide formation technique et aussi une vrai culture photographique. Mais j'ai très vite pris mon indépendance car je voulais utiliser mes acquis pour traiter mes propres sujets. De plus appartenir à un photo-club n'est pas toujours un éveil sur le long terme. Je suis essentiellement autodidacte, la photo pour moi est une démarche personnelle.

L H : « Pendant très longtemps votre sujet principal fut Paris, pouvez-vous nous en parler. »

P B : Paris c'est un retour sur ma propre histoire. Plus de vingt ans de pérégrinations dans les quartiers populaires, Belleville, Ménilmontant, le vieux Bercy etc... tout un monde méconnu auquel on ne prêtait guère attention. Aujourd'hui c'est quarante mille négatifs, un livre paru en 2003 (1) à ce jour épuisé puis une exposition qui est allée jusqu'en Equateur pour la biennale de la photo en 2005 et qui devrait continuer sa course autour du monde.


Ile de la Cité 1991 ---------------- Montmartre 2002 ------------ Peintre à Montmartre 2002 ------- Rue Arthur Rozier 1991


L H : « Quarante mille négatifs... C'est impressionnant ? »

P B : Oui et non. Il y a environ cent photo connues de Doisneau ? Avec près de cinq cent mille négatifs en archive. En réalité pour qu'un projet soit mis en forme, il faut une moisson photographique assez conséquente.On sédimentte pendant des années. Chaque photographe sait qu'un déclic n'est pas toujours une photo réussie même si l'émotion est présente. Une bonne photo c'est un petit miracle au milieu de bien des déceptions.

L H : « Photographier le Paris intime n'est-il pas un phénomène de mode ? »

P B : Aujourd?hui oui. Mais quand j'ai commencé en 1980 cela n'intéressait personne et m'a valu bien des avanies. C'étaient des quartiers où l'on allait pas et où l'on avait honte de vivre. L'ignorance, les médias et le cinéma ont y une large part de responsabilité. Des films comme « la balance » de Bob Swaim ou « Tchao pantin » de Claude Berri qui sont par ailleurs de vrais joyaux du cinéma français ont largement contribué à réduire l'image de ces quartiers à la seule délinquance. Aujourd'hui les problèmes sont les mêmes mais la part d'histoire est enfin reconnue sans oublier qu'à travers les lieux et les gens ce sont des sujets poétiques d'exception pour bien des filiations artistiques à commencer par la photographie. Mon ami Willy Ronis en d'autre temps ne s'y est pas trompé.
Pour la mode, J'accompagne aujourd'hui le mouvement en faisant des visites de groupes dans le Belleville de "derrière les murs". Sans le vouloir et ne suivant que mon instinct je crois avoir eu raison cinq minutes avant les autres.



Rue de Lappe 1992 ------------------------------- Toits de Paris 1991


L H : « Aujourd'hui vous photographiez des sujets plus lointains. Paris est ce fini ? »

P B : Depuis que mon livre est sorti le rapport avec ma ville est différent. Faire un livre destiné au public c'est un peu remettre ses émotions aux autres. Disons que la passion est un peu retombée et cela du bon car c'était un amour un peu maladif nourri surtout de souvenirs du passé. Cependant dès que je vois une porte cochère entrouverte je ne peux m'empêcher de refaire le voyage au coin de la rue. Aller retrouver de vieilles sensations, faire la conversation et déclencher. L'émerveillement est toujours là. Je reste le fiancé de Paris mais nous sommes un couple plus tranquille.

L H : « Quels sont vos sources d'inspiration ? Les photographes que vous aimez aujourd'hui ? »

P B : Mes sources d'inspiration ne sont pas que photographique. Il y a la peinture pour la composition et surtout pour la magie de la lumière. Je suis un peu photographe par défaut de dessin. Si mes photos sont des témoignages et des ambiances je suis souvent en situation de lumière comme un peintre. Je m'inspire aussi du cinéma, un film comme Diva de JJ Beneix a une photographie sublime. Bagdad café de Percy Adlon aussi. Beaucoup de touristes font le détour aujourd'hui pour découvrir ce motel perdu entre las Vegas et Los Angeles et s'apercevoir qu'il s'agit d'un lieu ordinaire comme il y en beaucoup dans le dessert de l'Ouest américain. En fait il est magnifié par la photographie. Pour faire ressortir la part de magie des lieux et les résonances profondes des personnages un film est raisonné en images fixes.

Quand aux photographes il y a bien Henri Cartier Bresson, Willy Ronis, Sebastiao Salgado, Gordon Parks, Elliot Porter, Bruce Davidson pour n'en citer que quelques-uns. Ahmet Set qui a fait un travail magnifique sur Moscou, j'ai visité la ville récement, contre tous préjugés elle est à la fois authentique et opaque. Il a su en trouver tout le mystère et les contradictions dans les yeux des Moscovites. Un résultat qui à demandé dix ans pour établir une complicité avec la ville et la transmettre en image.



Rue de la Mare 2002 ----------- Rue de Tourtille 1996 ------------ Rue Gasnier Guy 1994 ---------- Villa des Boers 1996


L H : « Faite vous vous-même les tirages de vos images ? »

P B : Je les ai fait pendant longtemps, la chambre noire est un lieu magique mais aussi est une activité a plein temps qui me donne l'impression de rater quelque chose à la lumière du jour. Maintenant je délègue mes 30 x 40 à un tireur de confiance. Ce sont deux activités séparées... et nécessairement complices.

L H : « Faites-vous poser vos personnages ? »

P B : La photo ce n'est pas du cinéma donc pas de mise en scène. Je me fais un point d'honneur à ne pas aménager mes photos.

L H : « Y compris celle avec le vélo et la gardienne sur l'ile de la cité ou cette jeune femme de Harlem ? »

P B : Je pèse près de 90 kilos et pourtant j'arrive à rester transparent (rires). Cette jeune femme de Harlem superbe et songeuse ne m'avait pas remarqué bien que ce soit a bout portant vu que je n'utilise pas de longues focales. Quand elle a fini par me voir il y a en un sourire complice. J'établi souvent une connivence discrète avec les gens que je photographie. Je l'ai photographié rêveuse mais je l'ai emporté heureuse et c'est cette image la que je garde dans la tête.

Pour l'ile de la cité j'étais tombé en émoi devant cette bicyclette d'un autre âge, quand je suis revenu le lendemain avec mon Nikon, la gardienne s'est placée devant l'objectif. Le hasard n'est pas ingrat, il ménage de bonnes rencontres a ceux qui lui font une cour assidue.


L H : « Puisque vous photographiez beaucoup les gens, demandez vous des autorisations ? »

P B : Non, d'une part par souci de spontanéité, que j'ai déjà évoqué. C'est vrai que la photo de rue devient une activité à problème. Cela me paraît difficile de photographier avec un appareil dans une main et le carnet à souche dans l'autre, le naturel est rompu et s'il y a mise en scène ce n'est pas un vrai témoignage. L'essentiel est de ne pas faire de photos désobligeantes et prendre les gens dans des situations sujettes à préjudice. En bref respecter leur dignité. Il n y a pas un paparazzi derrière chaque photographe. Les lois ont toujours existé et c'est l'affaire du baiser de l'hôtel de ville qui a tout déclenché et pire encore, gâché les dernières heures de Robert Doisneau. Ne soyons pas dupe, ceux qui après vous attaquent sont bien souvent manipulés et surtout motivés par l'appât du gain. Sociologiquement c'est une dérive à l'Américaine ou chacun devient procédurier. Un regard égale un procès.

Si je n'ai jamais eu de problèmes, c'est parce que je photographie des lieux que l'on ne regarde plus, peuplés de gens qui n'intéressent personne. Le photographe qui par ailleurs dérange ou donne des idées a souvent fait l'événement. Les personnes photographiées ressentent le respect que vous leur portez et il se fait mutuel.


L H : « Vous nous présentez un travail en Noir et blanc, réalisez vous également des images en couleur ? »

P B : Je fais de la couleur pour les photos de famille ou certains sujets comme Venise, mais le Noir et blanc est mon état d'esprit. C'est aussi un acte créatif supplémentaire qui consiste à lire la lumière et interpréter les couleurs en une gamme tonale. De plus comme je photographie l'ordinaire de la rue, l'intérêt de mes sujets ne réside pas dans les couleurs. Ils seraient réduits à une simple information, alors qu'ils peuvent acquérir un relief et un graphisme saisissants avec des niveaux de gris ou un jeu de clair obscur.

L H : « Parlez nous un peu de votre projet sur New York ? »

P B : Je fais mes voyages autour des escales mythiques qui m'ont fait rêver étant enfant et de la puissance poétique des noms de villes ou de pays. New York fait partie de ma mythologie juvénile. J'ai découvert la ville dans les années 80, un charme fou mais une cité tendue, à peine fréquentable. Quand j'ai commencé mon travail en 2002, la ville avait retrouvé la sécurité et le charme s'est un peu érodé.
Cependant cela restait enchanteur, j'y ai fait de nombreux voyages à des saisons différentes pour donner l'exposition que vous venez de voir en partie à Bièvres. Un reportage au long cours avec les choses vécues , les gens rencontrés, au-delà des photos une aventure humaine grâce a laquelle je suis devenu un peu New Yorkais.



Brooklyn Bridge 2002 ---------------- Canal street 2002 ----------------- City hall 2002 ---------------------- Flat Iron 2002


L H : « Belleville, Harlem, A Paris comme a New York, vous semblez photographier en priorité les quartiers dits difficiles. Comment cela se passe ? »

P B : Et aussi le Bronx, les favelas au Brésil etc. En voyage comme au coin de la rue on photographie toujours ce que l'on est et de plus je crois que le monde se voit mieux d'en bas... Je ne suis pas le photographe des ciels bleu azur ou de la couverture touristique. En vingt-cinq ans de balades je n'ai jamais eu de problèmes. Bien sûr même si vous êtes tout simplement curieux et rempli de bonnes intentions, vous n'êtes pas à l'abri d'un drame et un appareil photo a toujours quelque chose d'agressif la ou les sensibilités sont plus à vif. Cela se fait au feeling, tout dépends beaucoup du regard que l'on pose sur les autres. À Harlem j'ai eu un accueil très émouvant. Le monde est si différent des préjugés ou du journal de 20 heures, il faut voyager pour comprendre. Je suis un photographe concerné et un voyageur conscient.


Harlem 2003 ----------------------- Harlem 2002 ------------------------- Harlem 2003 --------------------- Harlem 2004


L H : « Quels sont les appareils photos que vous utilisez ? Numérique ? argentique ? »

P B : Le grand sujet du moment qui réduit bien souvent la photo a un débat technique, alors que la photo c est avant tout "savoir regarder". Les possibilités qu offre le numérique sont indéniables: Diffusion, correction, stockage et sans oublier ce « book on line » qu'est le site Web qui produit quand même ses retombées.

Pour la couleur j'ai acquis un reflex numérique plein format mais je reste attaché aux gestes sacrés de ma formation argentique. Soin dans la composition et le cadrage ainsi que ce lien physique et spirituel avec la lumière. Quand je transfère ma carte mémoire sur mon ordinateur, il y a peu de déchets c'est une planche contact numérique. Un projet c'est un brouillon (les planches contacts) des esquisses, une épure pour trouver une cohérence d'ensemble. Les corrections sur Photoshop se limitent à celle que je faisais a l'agrandisseur et a la retouche. La dématérialisation de la pellicule et les possibilités de correction et trucages possibles en amont de la prise de vue effacent un peu tout cela chez beaucoup de photographes et le travail final n'est pas toujours le reflet du regard investi.

Par ailleurs je ne conteste pas la création numérique, mais avec les trucages et photomontages on assiste de plus en plus à une photographie fiction dans laquelle je ne me reconnais pas. Pour moi la photo reste un rapport au réel.

Pour le noir et blanc j'ai conservé l'argentique, car le tirage avec du grain d'argent c'est toute la sensualité du noir et blanc. Il est aussi plus durable et on maitrise l'image finale en labo. En numérique un original bien travaillé sur Photoshop ne nous met pas à l'abri d?une mauvaise surprise chez l'imprimeur. De plus pour ceux qui achètent mes tirages d'exposition sur une émotion, l'original négatif c'est la garantie « sans trucages ».

S ouvrir au numérique sans jeter l'argentique à la casse, pour moi les deux technologies sont plutôt alliées qu'ennemies.



Soho 2002 ----------------------- Uncle Sam 2002



L H : « Quels est la ou les dernières expositions de photographies que vous avez été voir ces derniers mois ? »

P B : « Poétique de la ville » à l'hôtel Sully dans la Marais, ce titre ne pouvait pas m'échapper avec des inédits d'André Kertész, de vrais chefs d'oeuvres. Là, image rime avec son anagramme « magie ».

Le regard a l'oeuvre de Jean Baptiste Huynh à l'école des beaux-arts de Paris. Une série de portraits et de natures mortes qui valent son pesant d'émotion.
L'oeuvre magnifique de Bill Brandt à la fondation HCB qui nous montrait la vie autour des mines de charbon dans l'Angleterre des années 40-50. Le monde d'avant était plus photogénique et aussi plus rude.


L H : « Quels conseils donnerez vous a un jeune photographe aujourd'hui ? »

P B : Je me sens encore très jeune et j'espère que le meilleur est encore devant moi. Cependant comme j'ai déjà un long passé photographique je me dois de rassurer un peu. Doisneau disait que les deux mamelles de la photographie sont « la désobéissance et la curiosité ». Je le complète en disant à ceux qui ont un projet, « soyez sourds et clairvoyants ». Comme la photo est aussi et surtout un loisir il y a une confusion des genres qui dévalorise bien souvent l'acte photographique, les réactions d'ignorance ou de dépit peuvent faire douter.

Si j'incite à aller au bout du rêve, je leur dis de bien garder les pieds sur terre car un projet d'essence artistique demande beaucoup de rigueur dans le travail en amont de la série de déclic. L'archivage régulier, trouver un fil conducteur, avoir des photos d'une lecture facile pour donner au final un projet cohérent et abouti. Seulement à partir de ce moment les portes s'ouvriront.


L H : « Quels sont vos projets immédiats ? »

P B : Pour la circulation de mes images Je continue de faire voyager mon travail sur Paris qui bien sûr me permet de photographier de nouveaux sujets en marge des conférences et des expositions.
Actuellement je prépare un ouvrage sur l'histoire du Dix neuvième arrondissement qui doit sortir au printemps 2007(2).

En photographie je poursuis mon sujet " Mégalopoles de villages ", un projet similaire à ma démarche sur Paris et New York, l'essence intime de villes à la personnalité forte et attachante dans lequel j'intégrerai Mexico, Moscou, Shanghai et Tokyo. Cinq villes qui ont une genèse différente et qui ont en commun d'être une mosaïque de villages dont les traces urbaines et humaines sont encore visibles aujourd'hui.

Si je suis avant tout un explorateur urbain j'ai d autres sujets. Je rêve de photographier le désert du Seistan au sud de l'Afghanistan avec ses villes fantômes ainsi que la Mer d'Aral. Des sites et des paysages ou l'on ressent la main et l'esprit de l'homme.
Beaucoup de projets pour un temps de création libre et personnelle très court, dérobé à des activités plus alimentaires. Cela rend plus compliqué la construction d'un sujet, c'est frustrant car si je n'ai pas l'emploi du temps d'un artiste j'en garde l'état d'esprit.

Patrick, merci d'avoir accordé cette interview à Regard Public (Novembre 2006)

(1) Images d'hier dans le Paris d'aujourd'hui - éditions Parimagine - 2003

(2) Mémoire des rues Paris 19e - Mai 2007 - réédité en 2012 puis 2015 aux éditions Parigramme.




BIBLIOGRAPHIE :


" Images d'hier dans le Paris d'aujourd'hui "
Patrick BEZZOLATO

« Images d'hier dans le Paris d'aujourd'hui » était jusqu'alors une suite d'expositions photographiques en Noir et Blanc sur le Paris des petites rues, des cours intérieures et des quartiers populaires. Les témoignages du public furent unanimes sur l'attachement à ces ambiances d'un Paris à l'échelle humaine et souvent méconnu.

L'ouvrage invite à découvrir de façon plus étendue près de vingt ans de prise de vues de ce Paris intime
à travers 92 photos.
Ce livre photo de 120 pages présenté au format 21 x 27 cm reprend avec soin les nuances et les contrastes propres aux tirages Noir et Blanc de haute qualité.
Cette suite photographique a sa résonance littéraire avec les textes de Frédérique Bousquel, architecte et auteur qui nous invite à une promenade lucide et poétique dans cet autre Paris.